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YA BA

par ANNICK DURAND

Un homme fume sur son lit.Livide, torse nu, en short, il pense A Sue, sûrement pas dans son lit vide. Vie de chien qui lui fait mal. Mâle ravagé d'amour pour elle. Aile avec deux ailes pour voler de corps en corps. Volage, massages pas sages. Encore, un, pris au piège de ses charmes. Arme, Tang, aucune il n'a, heureusement. Mantra ! Il tuerait ses répétitifs Je t'aime.
Émotion cruelle qui ne fait pas vibrer que son corps astral. Alchimie dévastatrice des chakras et nadis. Disparition de tout espoir, rizières asséchées et cuisine sans épices, armée de Xianen, terre cuite détruite, cité interdite en flammes. Elle, femme pyromane de son cœur et de ses forces lui fait même perdre la lune en comptant les étoiles pour qu’il ne trouve sur son chemin ni Sue, ni déesse Chang.
Cette cigarette a un goût amer quand il pense qu’il la fumait après l’amour. Devenue la dépendance de sa vie comme cette jeune fille, aussi légère que la fumée, s’envole devant ses
yeux. Il ne regarde rien et n’écoute que les silences. De sa main droite, il frôle le drap du bout des doigts qui crient le manque qu’ils ressentent. La porte-fenêtre est ouverte, le soleil lui
caresse la peau, ses cheveux sur son front, personne ne va lui relever comme faisait Sue quand elle arrivait pour l’embrasser. Il essaie d’oublier l’odeur de son parfum présent et discret qui se dégageait de son poignet et la chaleur de ses mains sur son visage. Il n’y aura pas non
plus le grincement du pédalier de sa bicyclette qui faisait battre plus fort encore son cœur. Tang a souvent voulu arrêter de fumer, sans résultat, mais il sent que cette nouvelle
drogue, proche du Yaba, le rend de plus en plus fou. Toxicomane de cette femme-fleur qu’il croyait inoffensive, il n’a plus qu’une solution, se faire « désamouriser » de toute urgence à
l’Hôpital des Amours des Sue.

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