Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Ici

Ils sont partis "d'ici" un jour de mars et de juin. Ils n'étaient ni en avance, ni en retard. Ils n'avaient aucun rendez-vous. Ils y allaient, c'est tout ! Même la destination et le retour étaient inconnus. Petit ou long séjour ? Qu'en savaient-ils ? Par hasard, ils sont arrivés au même endroit. Comme moi, ils n'avaient ni prévu, ni organisé ce voyage. J'étais, Ici figée, durant toutes ces années je n'avais pas progressé. Je savais toujours préparer les valises et dire la même phrase "Je te suis en voiture et te rejoins là-bas".Aujourd'hui, me voici devant les roses trémières qui s'épanouissent sans leurs regards. Leur parfum me guide jusqu'à la porte où se trouve une patinette et le même tapis. J'ose ou je n'ose pas ? J'ose, je sonne. Une jeune femme un peu inquiète ouvre la porte. Je m'annonce. Je suis la fille des gens qui demeuraient Ici."Ah oui, entrez prendre un café. On m'a parlé d'une gentille petite dame âgée qui aimait beaucoup les jeunes enfants. C'était la Mamie de la rue. Les voisins en face furent étonnés de ne pas la voir revenir"."Tout s'est passé très vite, en 2 mois, Maman avait presque 97 ans et Papa est parti 9 ans auparavant en 9 jours".Pendant ce bref instant d'échanges, mes sens sont en éveil. Les couleurs, les odeurs, les bruits, les décors ont changé. Cette maison sent la vie ! Mes yeux se posent sur un gâteau qui embaume la cuisine. Je ressens, avec plaisir, que ma tristesse s'atténue au milieu des voix de 3 enfants qui jouent dans le salon. Cette pièce est très épurée, parait encore plus grande, les fleurs sont-ils revenus les cueillir ? Les murs sont blancs. La seconde rampe d'escalier que j'avais posée, pour prévoir les chutes, continue à briller sans leurs empreintes. J'ai envie de tout exploré, grimpé à l'étage, voir la cave vidée de l'atelier de mon père et même ouvrir les placards. Je me contente de respirer le nouveau bonheur créé par cette famille. La dame rajoute, vous savez, mon mari et moi sommes heureux dans cette grande maison. De plus, j'ai un époux très bricoleur et qui adore jardiner. Il s'occupe des roses trémières qui dégagent un parfum exceptionnel. Dans le jardinet, derrière, il fait des plantations.Je repars le coeur léger qui me fait oublier quelques moments difficiles jusqu'au jour où des ambulances dirigèrent mes parents au Centre médical de Ballainvilliers, dans leur chambre respective, côte à côte, à 9 ans d'intervalle, puis vers leur dernière demeure où ils sont non loin de Marcel Proust, Léon Jouhaux, Guillaume Appolinaire, Elvire Popesco et bien d'autres, sans oublier Marthe Richard avec ses croustillantes anecdotes. Les soirées doivent être animées pour ma mère qui aimait le théâtre, les sorties, les voyages la lecture, rire et mon père, la politique, l'histoire, les arts et sourire. La vie est comme un crayon, il faut la tailler, si nécessaire, pour s'en servir. Parfois, elle peut changer de couleur comme le crayon. Mes parents n'aimaient pas les couleurs sombres. J'ai pris mon taille-vie et je continue en couleurs...

Ici
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article